Rencontré lors du Festival de la Fiction de la Rochelle, Fabrice Deville parle de son attachant personnage dans la série « Un si grand soleil » et de ses projets.
Paris Match. Rappelez-nous où en est votre personnage Florent Graçay ?
Fabrice Deville. Florent s’est séparé de Claire il y a plusieurs semaines. C’était une séparation plutôt belle en tout cas professionnellement et artistiquement. Il y avait beaucoup d’émotion et de larmes dans ces scènes. On est triste parce qu’on ne s’aime plus, parce que ça va changer. On a peur de l’inconnu. Ça m’a permis d’explorer des terrains vraiment forts.
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Vous n’avez pas été trop déçu ou triste de cette évolution ?
Triste oui mais au bout d’un moment mon personnage doit évoluer. Si ça n’évolue pas, je me retrouve toujours avec cette petite vie plan-plan alors que je suis rock’n’roll.
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« J’avais peur qu’on me mette avec une petite jeune de 20 ans »
Après une petite période de patachon, il revoit la juge Alphand, interprétée par Marie-Gaelle Cals…
Et c’est le coup de cœur ! On s’était déjà vu. Elle est libre, je suis libre. Elle sort d’une histoire un peu compliquée (son mari était un serial killer et s’est donné la mort, NDLR) mais pourquoi on ne vivrait pas un truc ensemble de léger ?
Cette nouvelle histoire d’amour, qui semble être déjà finie, était une surprise ?
Oui, ça a été une surprise. J’avais peur qu’on me mette avec une petite jeune de 20 ans. Mon personnage a déjà eu une histoire avec Stéphanie (interprétée par Soraya Hachoumi) et ça a été compliqué. On n’était pas dans le même style, pas dans le même univers. Ça m’aurait vraiment embêté qu’on me mette avec quelqu’un d’un autre environnement que le mien, soit avec une ancienne junkie que j’aurais voulu sauver. Je voulais retrouver une nana normale et sympa. Et donc, quand on m’a dit que c’était la juge Cécile Alphand, je me suis dit : « putain, je suis sauvé ».
Qu’est-ce que vous aimez bien chez Florent ?
J’aime tout chez lui. Honnêtement, je ne suis pas très éloigné de lui. Le mec est sympa. Il est drôle. En tout cas, j’espère être drôle. Il est en même temps un peu séducteur. Franchement, j’aime bien Florent.
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Il vous ressemble beaucoup ?
Oui. Ce qui fait que ce n’est pas compliqué à jouer… Je voyais Hubert Benhamdine qui jouait le tueur en série baptisé Le fleuriste, qui était complètement détraqué, là il avait une vraie interprétation. Moi je ne suis pas éloigné de mon personnage, c’est un peu un rôle de feignant.
Si vous aviez la possibilité de jouer quelqu’un d’autre au casting, qui choisiriez-vous ?
Le commissaire Becker parce que je trouve qu’il est classe, qu’il joue bien, que c’est un bon partenaire de jeu et de vie. Il est très agréable à vivre. Aussi, j’aimerais jouer avec tous les jeunes. Être prof dans une classe par exemple. Les jeunes me nourrissent. Ça me ferait marrer de jouer avec eux.
Comment travaillez-vous vos textes ? Est-ce que vous avez un petit rituel ?
Oui, il y a un rituel. Il n’y a pas de « j’y vais comme ça ». Je reçois les textes deux semaines avant, je lis l’ensemble dans la partition et quand j’ai les versions définitives, je les imprime et les relie ensemble moi-même. J’ai toutes mes scènes réparties jour après jour. Je vais entourer tous les mots importants de façon à m’en imprégner vraiment. Et ensuite, j’y mets ma patte personnelle pour que Florent ne soit pas un béni-oui-oui, que ce ne soit pas trop gnangnan, que ce soit un peu plus rock’nroll. Les auteurs nous écrivent une trame et à nous d’y mettre la couleur. J’ai le droit de rajouter des choses et d’en enlever tant que ça reste dans une idée générale.
Quelle place a Florent dans votre vie personnelle ? Vous y pensez souvent ?
Florent, c’est moi. Donc il n’y a pas de frontières.
« Dans la rue les gens m’appellent « maître »
Vous regardez la série ?
Une fan de la série, Cathy Moreno, nous envoie les extraits, donc je les regarde. Elle me dit « tu passes demain » et elle fait des petits montages qu’elle nous envoie. Je les regarde c’est très cool, ça me permet de corriger certaines choses.
Rappelez-nous comment vous êtes arrivé sur la série ?
La directrice de casting m’a appelé à deux reprises pour me proposer le projet. J’ai décliné disant que je ne faisais pas les séries quotidiennes. J’avais des préjugés. On m’a rappelé pour me dire qu’il y avait un troisième casting (pour un rôle de méchant). J’y suis allé mais je ne l’ai pas eu. On m’a rappelé pour un quatrième casting, celui de Florent Graçay. J’y suis allé, j’ai bien bossé le truc. Mélanie Maudran (qui allait jouer ma compagne) est venue à Paris. On se connaissait. Elle a super bien joué et voilà.
Comment est le retour du public ?
Super. Dans la rue les gens m’appellent maître. Ils sont très sympas. Il y a vraiment une bonne ambiance. Les gens sont gentils. J’ai des rôles qui sont sympas.
Vous envisagez de rester longtemps sur « Un si grand soleil » ?
Oui. J’ai changé d’agent et il y a aussi pas mal de perspectives qui s’ouvrent. On me sollicite de plus en plus. L’idée c’est de pouvoir tourner pour France 2, TF1 ou autres ensuite de revenir et repartir. Ça s’est toujours très bien passé, on attaque la sixième année. J’ai une belle partition et j’aspire à d’autres choses. J’aimerais me glisser dans la peau d’un prêtre détraqué, d’un chef d’entreprise qui se met à flinguer tout le monde. Je voudrais jouer des changements de vie radicaux. J’ai envie d’aller plus loin, d’explorer toutes ces choses. Là on me fait toucher beaucoup de limites mais qui sont des limites d’une série. Je voudrais aller un peu plus dans les méandres de la pensée. Il faut être patient. J’aimerais bien qu’on me propose d’autres choses. Pour l’instant, rester là où je suis, c’est très bien.