INTERVIEW. Patricia Thibault (Philippine dans Demain nous appartient) : “L’espace d’un instant, j’ai un peu honte…”

Coach d’acteurs, directrice d’école et comédienne, Patricia Thibault donne vie à Philippine Julliard, un personnage complexe que son interprète incarne avec nuance et distance.

EN BREF
Philippine Julliard est une femme d’affaires déterminée et son interprète, Patricia Thibault, s’est confiée à Télé Star.
Elle nous parle de son personnage et de sa relation avec son fils de fiction, mais aussi avec sa fille dans la vie.
Demain nous appartient est à retrouver chaque jour du lundi au vendredi à 19h10 sur TF1.
Quel regard portez-vous sur Philippine Julliard ?

C’est une femme d’affaires, prête à tout pour ne pas se laisser marcher sur les pieds et prête à tout pour ses enfants. Ce sont les seuls à pouvoir la mener par le bout du nez. Philippine a du tempérament, elle est capable de mesquinerie mais elle peut aussi faire preuve de générosité.

Quand on incarne un personnage abrupt, est-il nécessaire d’entrer en sympathie ou du moins en empathie pour lui ?

Disons que pour se connecter à ce type de personnage, il faut trouver des raisons à ses actes et ne pas le juger. Je me suis racontée que Philippine n’avait pas eu une vie facile. La disparition de Violette (Salomé Benitha), enfant, l’a endurcie. Soit elle sombrait, soit elle tenait. Elle s’est construite sur cette blessure et a dressé une muraille autour d’elle.

Comment expliquez-vous ce lien si particulier qui l’unit à son fils ainé, Charles (Roberto Calvet) ?

Ah, Charles ! C’est le formidable loser. Elle est en surprotection avec lui. Ils sont tous les deux dans une relation assez toxique. De ses trois enfants, c’est lui qui lui ressemble le plus. Quand je regarde cette famille, je trouve que le casting a été extrêmement bien pensé. C’est incroyable comme on s’entend bien. On adore passer du temps ensemble en-dehors du tournage aussi. Récemment, Salomé m’a invité à son anniversaire, ça m’a beaucoup touchée.

Jusqu’où seriez-vous prête à aller pour votre fille, Garance ?

J’imagine que j’irais jusqu’à cacher un cadavre mais j’espère surtout que je saurais l’arrêter avant d’en arriver là ! On a une relation très forte toutes les deux. Fort heureusement, nous ne sommes pas, comme avec mon fils de fiction, dans un rapport toxique. Je suis très admirative de son travail (elle est assistante caméra, ndlr), elle dépasse de loin mes espérances. On adorerait, un jour, travailler ensemble.

Philippine peut se montrer extrêmement désagréable et même balancer des horreurs, drapée dans sa posture de grande bourgeoise. Est-ce un plaisir à jouer ou éprouvez-vous parfois de la gêne ?

Il arrive, quand je travaille mes textes, que les mots ne sortent pas sans rire tellement ce qu’elle dit est odieux, notamment avec Audrey (Charlotte Gaccio) et ses enfants. L’espace d’un instant, j’ai un peu honte pour Philippine mais je finis par trouver l’accès. Je pense qu’il s’agit de maladresse plus que de méchanceté pure et dure. A jouer, c’est savoureux. Ce personnage est très bien écrit parce qu’il est complexe. Philippine n’est pas juste méchante ou aigrie, il y a plein de recoins à explorer chez cette femme.

Où en est sa relation professionnelle avec Victor (Farouk Bermouga) ?

Il va se passer prochainement des choses au domaine viticole. Avec Victor Brunet qui est son associé, ils sont montés très haut dans la détestation mais l’intrigue qu’ils vont traverser va permettre à leur relation de se détendre.

Vers quoi vont vos envies ?

J’ai pour projet de revenir au théâtre. On m’a proposé une pièce de Fassbinder. Et, en septembre prochain, ACT, l’école d’acting que j’ai montée avec deux partenaires, va ouvrir dans le 20ème à Paris.