BILLET. Un si grand soleil : Eliott n’a rien du gentil garçon, mais on adore le voir dériver. À quand la prochaine chute ?

Manipulateur, menteur, magouilleur… Eliott a bien des vices. Et peu de vertu. Pourtant, ce personnage rendu magnétique par celui qui l’interprète ne cesse d’attiser notre curiosité. Se pose la question de savoir pourquoi on l’aime tant.

EN BREF
Eliott multiplie les mauvais choix
C’est fou cette capacité à toujours rebondir
Nos désidératas pour son avenir
Eliott a ce chic indéniable de traverser les intrigues d’Un si grand Soleil avec une forme de perversité que le public finit toujours par excuser. Jamais le dernier à opter pour les mauvais choix, à s’engouffrer dans des coups tordus, ou à griffer ceux qui lui tendent la main, il se débrouille, tel un chat, pour systématiquement retomber sur ses pattes. Ou presque. Parce qu’il est quand même passé deux fois déjà par la case prison. Son tour de force c’est de parvenir à embarquer les téléspectateurs dans son désir de rédemption. Il a pourtant trempé dans des affaires de trafic de drogue, de cigarettes, de blanchiment d’argent et de magouille fiscale, mais peu importe, avec lui, on goute à toutes les dérives avec un plaisir coupable assumé.

Stéphane Monpetit donne corps à cet homme manipulateur qu’on ne parvient pas à totalement détester. Pire. On lui trouve des circonstances atténuantes, on se surprend à éprouver de la tendresse et jusqu’à de la compassion. C’est dire s’il est fort cet Eliott. L’action conjuguée des auteurs et de l’interprétation confère à ce personnage une aura particulière. On a beau ne pas valider la manière dont il se sert des gens, il faut lui reconnaître une indéniable habileté accompagnée d’une quête souterraine de reconnaissance et d’amour qui rendent le personnage quasi fréquentable. C’est sans doute parce qu’on le sent gangrené par ses émotions, qu’on pose un voile pudique sur ses faits d’armes.


Face à lui, heureusement, la toute frêle Muriel (Lou Kuma Kudi) se montre suffisamment solide pour lui tenir tête et se faire respecter. Pas comme Charles (Nicolas Lencelin), toujours prompt à tendre la deuxième joue ou comme sa mère, dont la foi en son fils ne peut être ébranlée. Elle le couve, le soutient et accepte même de lui servir, de temps à autre, de souffre douleur. Une sainte pas nitouche qui a bien compris que la manipulation était héréditaire. Elle excuse Eliott en se rappelant qu’il a été ce petit garçon malmené par un père dévoyé.

Que peut-on souhaiter désormais comme avenir à ce personnage ? S’il semble parti pour monter une société de VTC avec Muriel, on rêve surtout, pour lui, d’un destin plus flamboyant. Sa charmante épouse pourrait basculer du côté obscur. Ils formeraient un binôme à la Bonnie and Clyde, la poussette à l’arrière de la Mustang. Ou alors, on fait sortir l’ex procureur Bernier (Franck Hadrien) de prison et on les contraint à collaborer ensemble dans une haine viscérale réciproque. Le brouillard sur la destinée d’Eliott Faure devrait se dissiper dans les semaines à venir. On guette son prochain faux pas avec une curiosité… malsaine évidemment.