INTERVIEW. Mariel-Louise Compain (Noura dans Un si grand soleil) : “Il faut revendiquer le droit de ne pas être conforme…”

Au coeur des intrigues de mars d’Un si grand soleil (France 3, 20h40), Noura se débat avec des troubles alimentaires qui l’isolent et la rendent agressive. Mariel-Louise Compain incarne cette jeune lycéenne avec la sincérité des comédiennes chevronnées.

EN BREF
Mariel-Louise Compain (Noura) évoque pour Télé Star son rôle dans une intrigue sur les troubles alimentaires, un sujet qui lui tient à cœur car il touche de nombreuses femmes.
Elle partage son expérience personnelle avec les troubles alimentaires et exprime son désir de voir ce sujet traité plus en profondeur.
Elle fait aussi le point sur la relation entre Noura et Pablo.
Télé Star : Qu’avez-vous pensé en découvrant que c’était à vous de défendre cette intrigue sur les troubles alimentaires ?

Mariel-Louise Compain : J’étais très heureuse et honorée qu’on m’accorde cette confiance parce que le sujet touche l’immense majorité des femmes. Autour de moi je n’en connais pas une qui n’a pas eu, un jour, à s’interroger sur son physique, à remettre son corps en question…

Etes-vous passée par là ?

Oui, j’ai traversé des périodes de troubles alimentaires parce que le monde dans lequel on vit génère des angoisses, parce qu’on demande encore trop souvent aux femmes d’être belles, que l’image qu’on nous renvoie dans les magazines est trop éloignée de nous…

Dans la mesure où le sujet résonne si fort en vous, êtes-vous satisfaite de la manière dont il est traité ?

Je n’oublie pas qu’on travaille sur une quotidienne qui a des impératifs. Dans ce cadre, j’ai beaucoup aimé la manière dont on aborde cette thématique. Si ça ne tenait qu’à moi, j’en aurais fait un long-métrage. Il y a tellement de choses à raconter, à découvrir sur la source de ce trouble, sur l’après… C’est important de comprendre les ressorts psychologiques, de savoir si ça se soigne… C’est un mal silencieux et méconnu. C’est aussi un sujet féministe parce qu’il touche majoritairement les femmes sans cesse soumises aux injonctions de la beauté. J’ai beau avoir effectué un travail personnel pour déjouer les processus, je n’en suis pas complètement sortie. J’ai grandi avec cette idée qu’une femme doit être présentable, jolie… Il faut déconstruire cette image et revendiquer le droit de ne pas être conforme aux diktats que la société cherche à nous imposer.

Mariel-Louise Compain : “Toutes les émotions m’intimident”
Y a-t-il des émotions plus intimidantes que d’autres à jouer ?

Toutes les émotions m’intimident, me font douter et me font peur parce qu’il y a un équilibre à aller chercher. C’est fragile, je négocie en permanence pour trouver ma vérité.

Vous retrouvez-vous dans la Noura lycéenne ?

Pas du tout. On a un vécu très différent elle et moi. Elle a un look streetwear, plutôt cool, moi j’étais ultra féminine avec du rouge à lèvres, les cheveux lissés… Noura est une bonne élève ce qui n’était pas du tout mon cas. J’étais rebelle. J’ai fini chez les bonnes soeurs, en internat.

Noura et Pablo prêts à se rapprocher ?
Pablo vient d’arriver dans la série. Il n’est pas insensible au charme de Noura. Que va-t-il se passer entre eux ?

Pour l’instant, on prend le temps de développer cette histoire. Avec lui, Noura accepte sa vulnérabilité. Elle se sent en confiance. Pour moi qui suis tellement orgueilleuse, cette relation a été compliquée à intellectualiser. Mais grâce à Adriel Sorrente qui joue Pablo, c’est devenu fluide. On a même réussi à développer, entre nous, une relation similaire. Je m’autorise à baisser un peu la garde, à accepter qu’il me soutienne. C’est quelqu’un d’adorable, très à l’écoute, délicat et respectueux. Dans la mesure où leur histoire va évoluer je suis contente de l’avoir comme partenaire.

Vous êtes au début de votre carrière. Avez-vous des envies d’ailleurs ?

Pas pour le moment. J’ai conscience que cette série c’est une opportunité formidable pour tester mes méthodes d’apprentissage. Ça me nourrit, ça me forme. Je joue avec des comédiens qui ont de l’expérience et que j’aime voir travailler. Et pour les plus jeunes, non seulement on s’entend super bien mais en plus on s’estime. Matthieu Rodriguez (Achille) c’est mon petit frère. Il est génial humainement et professionnellement. Clémence Boeuf (Charlotte) aussi. Plus je la connais et plus elle me touche.